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Nuisibles | Dordogne
L’Orvet
Généralités
Le terme orvet fait référence en français à plusieurs espèces de sauriens (lézards) non venimeux de la famille des Anguidae dont les pattes sont atrophiées, l’Anguis fragilis est espèce diurne de lézard apode est appelée Orvet, Orvet fragile ou Orvet commun ou encore serpent de verre en référence à sa capacité d’autotomie. Il a la même méthode de défense est utilisée chez les lézards qui consiste à détacher une partie de sa queue sous la pression d’un prédateur, cependant contrairement au lézard, la régénération du membre ne se fait pas pour l’orvet, la queue repousse ensuite, mais elle plus courte (2 ou 3 cm) et ne retombera plus.
Avec les avancées scientifiques, il a été démontré que l’orvet appartient au groupe des toxicofères (varans et serpents).
Répartition
L'orvet (Anguis fragilis) est répandu de l’Europe au Caucase, il est présent en Turquie et en Iran, des spécimens ont été observés en Afrique du Nord, il est par contre absent des îles méditerranéennes, l’altimétrie de son aire de répartition va jusqu'à 1200 m, mais aussi, bien que moins souvent jusqu'à 2000 m.
L’orvet fréquente de nombreux lieux d’habitats, le plus souvent légèrement humides, mais pas nécessairement, Il affectionne les landes, les forêts et lisières de forêt, les haies, les prés peu ou rarement fauchés mais aussi les zones rocheuses qui lui permettent d’être à l’abri des regards mais aussi les paillis et tas de compost, ces environnements lui offrent toute la nourriture dont il a besoin.
Plus qu’aucun autre reptile, l’orvet colonise les agglomérations et les villes, il est observable dans les jardins naturels, les parcs, les cimetières et les vergers traditionnels.
Descriptif et alimentation Orvet
Description physique
L'orvet (Anguis fragilis) est un étrange lézard qui ressemble à un serpent parce qu'il n'a pas de pattes, peut atteindre une taille de 55 cm pour les plus grosses femelles, la moitié de sa taille est constituée par sa queue (deux fois plus longue que le corps), celle-ci est un peu arrondie et forme une sorte de moignon lorsqu’elle repousse après avoir été cassée
(une seule autotomie ne peut se produire).
Il est doté d'une petite tête (sans cou) dans le prolongement de son corps, celle-ci est conique avec un nez arrondi et de petits yeux avec des paupières.
Le corps longiligne de l'orvet est brillant et lisse, cet aspect est dû à la présence de minces plaques osseuses sous la peau que l’on nomme, les ostéodermes et qui facilite son mouvement dans le sol, sa coloration est variable en fonction de l'âge, du sexe allant du gris argenté au bronze cuivré, du jaune au rougeâtre, parfois même noir uni.
Il existe un dysmorphisme sexuel, les mâles ont des têtes proportionnellement plus grandes que les femelles, ils ont parfois des taches bleutées sur les côtés de leur corps et un ventre pâle, ils mesurent de 30 à 40 cm, les femelles ont normalement une ligne noire ou foncée qui s'étend sur toute la longueur de leur dos, un ventre foncé et peuvent mesurer jusqu’à 55 cm.
L'orvet vit en général dans la nature une trentaine d'années environ, bien qu'il soit difficile pour lui d'atteindre cet âge dû aux prédateurs ou les actions humaines, tout comme le serpent, l'orvet mue et perd périodiquement sa peau tout au long de sa vie.
Régime alimentaire
L’orvet est un animal à sang-froid, il est surtout actif en début de journée pour thermoréguler sa température, c’est un semi-fouisseur entièrement carnivore qui apprécie les tas de compost où il y trouve humidité et chaleur pour y extraire ses proies.
Dans un endroit suffisamment abrité, l’orvet est un prédateur efficace qui se nourrit principalement de limaces, de cloportes, de larves d’insectes et insectes, d’araignées, de vers et d’escargots, c'est un auxiliaire précieux au jardin et un allié des jardiniers.
Reproduction, dangerosité et protection
Reproduction et cycle de vie
L’orvet peut vivre à des températures plus basses que la plupart des autres reptiles (entre 14 °C et 29 °C), c’est un avantage important et d’une économie sensible de chaleur, ils peuvent ainsi demeurer actifs plus longtemps dans un terrain relativement frais.
L’orvet se déplace peu, et n’a pas un sens accru du territoire, vers le mois d'octobre, l’orvet s'enfouit dans le sol pour la brumation (hivernation d’animaux à sang-froid), c'est un moyen d'économiser leur énergie pendant les mois les plus froids, où la nourriture se fait rare.
Il passe la mauvaise saison (d’octobre à mars) dans un abri hivernal de type vieux cartons, bâches plastiques, parfois la galerie sera creusée par lui-même et ce type de terrier qui sera préalablement refermé par de la terre ou de la mousse peut avoir une profondeur allant jusqu'à plus d’un mètre.
De même, il lui arrive d’utiliser pour l’hivernation des galeries de micromammifères qu’il lui arrive de partager avec ses congénères, voire avec d’autres reptiles ou amphibiens, il n’est pas rare qu’une brumation de masse puisse comporter jusqu'à 100 individus.
Après leur sortie de léthargie en mars, les orvets se préparent pour la période de reproduction, la période des amours est souvent précédée par de combats entre mâles, ceux-ci se battent parfois violemment et cherchent à se mordre les flancs, afin d’éviter les morsures, ils s’aplatissent par réflexe sur le sol présentant ainsi à l’adversaire les parties larges du dos à la place des flancs.
Les femelles s’accouplent habituellement tous les deux ans entre les mois d’avril et de juin, durant l’accouplement, le mâle maintient fermement la femelle à l’aide de ses mâchoires à la base de la tête celui-ci peut être long puisqu’il peut durer plus de 20 heures.
La gestation l’orvet va durer environ trois mois (juin et août), entre les mois d’août et de septembre la femelle étant une espèce ovovivipare (ou vivipare selon les sources), celle-ci va pondre de nuit de 4 à 22 œufs (en moyenne 6 à 12), ce sont des sortes de sacs constitués d'une membrane translucide et souple, que les petits brisent dès la naissance.
Les orvets à la naissance sont très minces et mesurent initialement environ 5 à 10 cm de long et sont autonomes, ils ont le ventre noir et les flancs dorés ou argentés, parfois avec une bande sur toute la longueur du corps si ce sont des femelles, ils ne seront adultes qu’au cours de leur troisième printemps.
Dangerosité
L'orvet est beaucoup moins sensible aux vibrations du sol causées par des pas que les serpents, ces derniers s'enfuient dès que quelque chose s'approche d'eux, l'orvet est par de fait peu craintif tant que l'on ne cherche pas à l'attraper et ne mord que très rarement, il n'a pas de venin, cet animal est tout à fait inoffensif.
Menaces et protection
Malheureusement, les populations d’orvet sont quand même en fort déclin du fait des nombreux facteurs :
- Sensibilité accrue aux pesticides, insecticides et à certains désherbants et fongicides.
- Victime des prédateurs sauvages (Serpents, Hérissons, Corneilles) et domestiques (chats, poules).
- Urbanisation, de la périurbanisation, de la fragmentation écologique du paysage.
- Victime de l’homme pour sa ressemblance avec les serpents.
En France, l'orvet est protégé par l’arrêté du 19 novembre 2007 et 2021, fixant les listes des amphibiens et des reptiles protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection.