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Traitement des chenilles processionnaires  | Dordogne

La Chenille processionnaire du pin

La chenille processionnaire de pin

Généralité

La processionnaire du pin est le nom vernaculaire du stade larvaire (chenille) d'un papillon typiquement nocturne appelé Thaumetopoea pityocampa, insecte grégaire faisant partie de l'ordre des Lépidoptères, elle porte le nom anglais de " Pine Processionary ", la processionnaire du pin est nommée ainsi en référence à son mode de déplacement en file indienne formant une procession lorsqu’elle se déplace.

classification de la chenille processionnaire du pin

Elle se nourrit des aiguilles de diverses variétés de conifères appartenant au genre Pinus et Cedrus présent dans de très nombreuses régions de France, sa constante progression (10% par an) tant en termes de territoire que d’effectif notamment en zones anthropisées (urbaines, campagnes) en fait un sujet d’inquiétude pour les particuliers et commence à devenir un problème d’envergure pour l’ensemble des collectivités territoriales.

La processionnaire du pin provoque un important affaiblissement (défoliation) de ceux-ci et dans certains cas, elles affaiblissent l’arbre ouvrant alors la voie à d’autres parasites, de même elle est responsable d’une dermite (appelée érucisme) en lien avec les poils urticants et allergisants qui recouvrent son corps et provoque ainsi des allergies chez l’humain et les animaux exposés aux soies de cette chenille.

Répartition

​Ce nuisible appelé ravageur historiquement originaire du bassin méditerranéen est présent dans une grande partie de la France métropolitaine, cette espèce installée depuis les années 70 occupe la moitié Sud-Ouest du territoire métropolitain allant essentiellement le pourtour méditerranéen et la façade atlantique jusqu’aux Pyrénées-Orientales, celle-ci à l’origine avait une aire de répartition contenue par les contraintes thermiques, depuis son territoire tant à s’étendre vers le nord depuis quelques décennies et progresse de 10% par an, si bien qu’elle atteint désormais la Normandie, la région parisienne et progresse sur les plateaux d’altitude dans les Alpes, les Pyrénées ainsi que le Massif Central et commence à devenir un problème d’envergure pour l’ensemble des régions françaises.

Carte répartition géographique de la chenille processionnaire du pin

Plusieurs facteurs sont la cause de sa progression,

- L’espèce est capable de se déplacer sur de longues distances (le mâle du papillon peut se déplacer jusqu’à une   cinquantaine de kilomètres, contre trois à quatre pour la femelle),

- Le réchauffement climatique probable lui est bénéfique (automnes et d’hivers doux),

- L'activité commerciale croissante du bois dont le transport pourrait favoriser sa dispersion,

- Transports de terre véhiculant la chrysalide (enterrée),

- L’utilisation de pins plantés sur les bords de routes et autoroutes constitue des corridors pour la processionnaire qui dispose alors de tracés structurels pour son expansion, 

- L’inertie et la non prise en compte du problème par les pouvoirs publics ainsi que de l’état.

Description Physique et régime alimentaire de la Chenille processionnaire

Description physique

​À l’état adulte l'insecte est un papillon de 35 à 40 mm d'envergure environ, il a des motifs noirs sur son thorax, ses ailes antérieures sont grises ornées deux bandes foncées parallèles chez le mâle, les ailes postérieures sont blanches marquées d'une tache sombre à l'extrémité postérieure, les mâles se distinguent néanmoins des femelles par leur taille plus petite.

Chenille processionnaire du pin mâle stade papillon

© P.V José Ramon / flickr.com

Ce Lépidoptère étant de mœurs nocturnes celui-ci dispose d’antennes pectinées (disposés en forme de peigne) leur servant à détecter et localiser les phéromones émissent par les femelles.

Sous sa forme larvaire bien plus connue qui lui donne le nom vernaculaire de processionnaire du pin, la chenille en fonction de son stade larvaire peut mesurer de quelques millimètres au stade L1 à 40 mm de longueur environ aux stades stade 4 ou 5.

La processionnaire du pin comme certaines chenilles portent un grand nombre de poils apparents dits d’ornementation de couleur brun voire noire avec des taches rouge orangé sur le dos et les flancs et jaune sur sa face ventrale ainsi que des soies urticantes et allergisantes lorsque celle les libère.

Chenille processionnaire du pin sur le sol

Régime alimentaire

​Les papillons adultes appelés insectes parfaits ne se nourrissent pas, ils vivent sur leurs réserves, en outre , les chenilles processionnaires du pin se nourrissent avec voracité en s'attaquant aux aiguilles fraîches de leurs plantes hôtes que sont les conifères appartenant au genre Pinus et Cedrus (pins, cèdres, mais aussi sapins, douglas…).

Le régime alimentaire de la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) est inhérent au choix du lieu de ponte choisit par la femelle papillon, celle-ci montre des préférences lorsqu’elle est en présence de conifères à deux aiguilles de plus, ce choix semble alors lié à différents critères tels que les arbres se découpant sur fond clair, la rugosité du support, le diamètre des aiguilles ainsi que les composés volatils (limonène) se dégageant des aiguilles.
 

Chenilles processionnaires sur une aiguille de pin

Ainsi la femelle choisira par ordre décroissant ces espèces :

Le pin noir (Pinus negra) et notamment le pin laricio et le pin noir d’Autriche, pin sylvestre (Pinus sylvestris), pin maritime (Pinus pinaster), pin pignon ou parasol (Pinus pinea), pin des Canaries (Pinus canariensis), pin d’Alep (Pinus halepensis), cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) ainsi que le sapin de Douglas.

Habitat et reproduction de la chenille processionnaire

Habitat

​Chez la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa), les chenilles resteront groupées tout au long de leur évolution larvaire, la construction du « nid » commence dès la sortie des chenilles en stade L1 (voir cycle de vie), celles-ci tissent un entrelacement de soie très léger autour du manchon de ponte appelé pré-nid.

Le nid hivernal définitif va être construit au quatrième stade larvaire L4 (voir cycle de vie) par la colonie dès l’arrivée des premiers froids, il sera le lieu de sédentarisation des chenilles jusqu'à leur descente de l'arbre pour la procession.

Cocon de chenille processionnaire du pin

© Martin Jean-Claude

Le nid se situe généralement à la cime ou à l’extrémité des rameaux du conifère hôte, il est constitué de sortes de pelotes serrées faites de la peau des mues successives, de poils urticants et d'excréments formant un gros cocon de soies blanches tissées.

Nid de chenille processionnaire du pin

Celui-ci est placé la plupart du temps au sud afin d’être le plus exposé au soleil captant ainsi les rayons du proche infrarouge, cette implantation du nid a permis par une étude de mettre en évidence un différentiel de température allant jusqu’à 20°C au sein du nid par rapport à l’air ambiant, néanmoins, le nid de par lui-même n’a pas de fonction de type isolante à proprement parlé, la température élevée au sein de celui-ci n’est due uniquement qu’au regroupement des chenilles entre elles à l’intérieur. (Guy Demolin).

Reproduction et cycle de vie

La vie larvaire de la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) comporte cinq stades d’évolution se déterminant de L1 à L5, ceux-ci sont différentiables au niveau de la quantité de soies (poils) présentes, de la taille de la chenille (en longueur et en diamètre) et du volume de sa capsule céphalique.

Cycle de vie de la chenille processionnaire du pin

Durant l’été, des mois de juin à septembre selon les températures, le papillon (Thaumetopoea pityocampa) apparait après être sortis de terre sous sa forme définitive appelée imago ou stade imaginal (stade final de l’individu), cette phase est en concordance avec la période de reproduction.

Quelques heures après leur sortie de terre, les femelles se placent dans une position " d'appel " en émettant une phéromone sexuelle appelée pityolure qui va attirer très rapidement les mâles, les papillons femelles et mâles vont donc s’accoupler durant une heure environ, leur durée de vie est relativement courte, allant de quelques heures à quelques jours, le mâle meurt 24 à 48 heures après l’accouplement, la femelle quelques jours après avoir déposé ses œufs en rangées parallèles par paquets de 70 à 320 œufs sur les rameaux ou les aiguilles de diverses espèces de conifères.

Stades évolution de la chenille processionnaire du pin

© Demolin Guy (INRA)

La ponte dont la durée n’excède pas 3 à 4 heures est effectuée autour de deux aiguilles en partie basse de l’arbre hôte et forme un manchon typiques appelé pré-nid, celui-ci est de couleur beige ou gris argenté recouvert d’écailles de l’abdomen maternel dont la longueur varie de 2 à 5 cm de longueur, l’éclosion des œufs survient généralement de fin juillet à fin septembre soit au bout de 30 à 45 jours environ après la ponte et plus précisément quand la somme des températures moyennes journalières atteint 780°C, les larves de chenilles sont de couleur jaune-vert et ne mesurent que quelques millimètres.

Dès l’éclosion, les chenilles commencent à se nourrir de nuit d’aiguilles de l’arbre hôte et se mettent à tisser des nids de soie appelés nids lâches en été, maintenant une température élevée dans lequel elles vont rester dissimulées afin de s'alimenter, leur vitesse de croissance dépendra de plusieurs facteurs dont principalement la température inhérente à l'altitude et la position géographique.

Papillon femelle chenille processionnaire du pin qui pond sur cocon

© Demolin Guy (INRA)

Durant leur cycle de vie, les chenilles vont muer cinq fois cessant en même temps de s'alimenter, ce qui donnera à chaque fois une évolution physique importante (longueur et diamètre plus important, volume de la capsule céphalique (tète), changement significatif de la couleur et de la quantité de soies).

L’alimentation nocturne (rarement diurne) des chenilles est réglée sur la période d'obscurité, celles-ci pour se nourrir se déplacent en formation dite de "procession", la cohésion du déplacement des chenilles en longue file est assurée par un contact direct, elles secrètent des fils de soie qui leur permettent de retrouver facilement leur point d’origine, ce procédé est le même concernant ce mode de déplacement lors des changements de nid. Dès l'arrivée des premiers froids, la colonie va se diriger vers l’extrémité des pousses de la partie supérieure du conifère hôte, celles-ci commencent la construction du nid appelé nid d'hiver qui va permettre la survie du groupe.

Chenilles processionnaires du pin juveniles

Ce nid captant les rayons du proche infrarouge émis par le soleil comprend deux enveloppes superposées, la première coté interne dispose d’une importante épaisseur, la seconde au rôle structurel est de consistance plus lâche (à l’image des nids précédents), le nid n’est pas pourvu d’orifice d’entrée, les chenilles doivent faire leur passage à travers les mailles du tissage, il sera entretenu jusqu'au départ en procession de nymphose.

Une fois l’endroit trouvé, la procession se regroupe et les chenilles s’enfouissent à une profondeur variable allant de 5 à 20 cm dans le sol, dans le cas où les conditions d'espace et de température ne sont pas réunies, celles-ci peuvent en ressortir afin de chercher une zone plus adéquate et s’enterrer un peu plus loin, débute alors la phase dite souterraine du cycle de vie de l’insecte.

Une fois enterrées dans le sol, les chenilles vont tisser un cocon individuel appelé "cocon de nymphose" afin de se transformer en chrysalides et arrêter leur développement, la diapause de celles-ci peut varier de quelques jours à plusieurs mois (voire jusqu’à cinq années), avant de se métamorphoser en papillon et de sortir de terre, le cycle se répète alors avec leur émergence du sol et l’accouplement entre la femelle et le mâle.

Chenilles processionnaires du pin descente du tronc d’arbre

Dangerosité et conséquences de la chenille processionnaire

Dangerosité

​La processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) de par son caractère urticant (A partir du stade larvaire L3, un mois et demi après l'éclosion) rend celle-ci marquante pour le grand public que ce soit en termes de danger pour l’homme ou pour les animaux de compagnie.

Contrairement à une idée à tort et largement répandue, les poils apparents dits d’ornementation ne sont pas en cause, ces chenilles, comme certaines espèces de papillons possèdent sur le dos un appareil de défense urticant constitué de petites poches " appelées miroirs " contenant des micro-poils urticants très fragiles d’une longueur de 100 à 250 microns.

poils de chenille processionnaire du pin au microscope

© Chauvin Georges (M.E.B)

Lorsque la chenille se sent stressée ou menacée, celle-ci projette dans l’air un grand nombre de ces micro-dards (micro-poils) empoisonnés, ceux-ci ayant une forme de harpon pénètrent et se fixe dans l’épiderme de l’agresseur déclenchant une très vive démangeaison provoquant un réflexe de grattage.

​Lorsque cela arrive, sous l’action mécanique les micro-poils se brisent dès le premier contact et libèrent une toxine appelée thaumétopoéine causant d'importantes réactions allergiques pouvant se traduire par plusieurs types d’atteintes (cutanée, oculaire, respiratoire, allergique) ayant pour conséquences des érythèmes, des éruptions prurigineux pouvant être accompagnées parfois d'atteintes oculaires, pulmonaires voire des réactions allergiques plus graves telles que des œdèmes de Quincke ou de choc anaphylactique.

Chenille processionnaire du pin réaction urticante

Dommages causés et conséquences

​La processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) s'attaque à toutes les espèces de pins présents en France, ainsi qu'occasionnellement aux cèdres et sapins Douglas, les chenilles se nourrissent des aiguilles des pins, ce qui induit une défoliation plus ou moins importante (cas des jeunes plantations) des arbres hôtes en peuplement ouvert (lisière surtout orientée sud/sud-ouest) ou isolé.

arbres détruits par la chenille processionnaire du pin

Ces attaques (défoliation) qu’elles soient simples ou répétées ont pour conséquence un affaiblissement important de l’arbre hôte, peuvent entrainer de retards de croissance et

par conséquent, ouvrir la voie à d'autres ravageurs de type secondaires ou pathogènes.

Moyens de lutte

Il n'existe pas actuellement de réglementation nationale de lutte obligatoire, celle-ci peut être éventuellement imposée par arrêté préfectoral ou municipal.

Depuis 2011, l’épandage aérien est interdit pour lutter contre ce parasite dont les poils urticants représentent un vrai danger pour la santé des personnes.

chenille processionnaire du pin calendrier de lutte

A ce jour, il existe plusieurs types de lutte :

Lutte mécanique :

Échenillage et pose de piège physique autour des troncs d’arbre. 

Lutte micro biologique :

Pulvérisation de biotoxines issues d’une bactérie nommée Bacillus thunringiensis.

Piégeage des papillons :

Pose de pièges à phéromones attirant les mâles.

Lutte biologique :

Pose de nichoirs à mésanges (Mésange huppée), utilisation de phéromone pour introduire la confusion sexuelle.

Mais attention quelle que soit la méthode envisagée, il est déconseillé de prendre de risques inutiles, consultez les professionnels agréés qui sauront vous proposer la solution la mieux adaptée à votre situation, ils possèdent les équipements adéquats et obligatoires pour se protéger lors de la lutte de ce ravageur.

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