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Le Ragondin
Répartition et habitat du ragondin
Généralités
Le Ragondin (Myocastor coypus) est un mammifère semi-aquatique initialement originaire d'Amérique du Sud (Argentine et Uruguay), il a été importé et introduit d’abord en Indre-et-Loire dans les années 1880 pour l'exploitation de sa fourrure bon marché.
L’envahissement du territoire métropolitain est dû à l’évasion de spécimens d’élevage d’enclos inadaptés ainsi qu’à des lâchers volontaires de nombreux individus dans la nature par des éleveurs suite à la crise économique de 1929.
Cet animal porte les dénominations vernaculaires Myopotame, Myocastor, de castor du Chili, castor des marais, loutre d’Amérique, ou bien encore lièvre des marais.
Ses mœurs sont principalement crépusculaires ou nocturnes où il est plutôt actif, mais il est fréquent pour cet animal d’avoir une activité diurne.
Répartition et habitat
Cet animal est présent en Amérique du Nord, en Asie, en Afrique orientale et en Europe, en France le rongeur s'est installé durablement dans 70 départements français sa présence occupe ainsi aujourd’hui la quasi-totalité du territoire métropolitain à l'exclusion de la Corse ainsi que du Pas-de-Calais.
Son biotope se trouve essentiellement en zones humides, le ragondin convoite les eaux à faible courant voire stagnantes, principalement herbivore celui-ci s’installe au niveau de n’importe quelle zones aquatiques (eaux douces, parfois saumâtres) tels que les marais, rivières, canaux, lacs, étangs, digues, les retenues collinaires, lagunes de station d’épuration mais aussi les fossés de drainage les prairies humides et trous d’eau.
Le seul critère pour celui-ci est d’avoir de l’eau disponible, néanmoins il ne s’installe jamais en rivière à fort débit ni en montagne (risque de gel).Parfois lors d’épisodes de crues de cours d’eau, des ragondins peuvent être emportés par les inondations ce qui induit un déplacement de spécimens colonisant ainsi de nouveaux sites.
Il apprécie notamment les berges fortement végétalisées (plantes aquatiques et semi-aquatiques) au sein desquelles il pourra creuser des terriers aux entrées submergées ou situées à la lisière de l'eau, ceux-ci sont composés d’un système complexe de chambres et de couloirs pouvant s’étendre sur plusieurs mètres.
Il arrive fréquemment que le ragondin utilise un ancien terrier occupé précédemment par le rat musqué (Ondatra zibethicus), pour cela il élargit les tunnels pour atteindre les 20 à 25 cm de diamètre.
Description et reproduction du ragondin
Description physique
Le ragondin est l’un des plus grands rongeurs, il est trapu et a une taille 2 à 3 fois plus importante que le rat musqué, sa queue peu poilue a une section cylindrique, son poids est variable allant de 5 à 9 kg pour une taille de 40 à 60 sans la queue cylindrique qui peut mesurer pour cette dernière de 25 à 45 cm de longueur sa longueur total peut avoisiner les 1,05 mètre.
Le ragondin possède une grosse tête, des incisives de couleur rouge-orangé, ses oreilles sont courtes, arrondies et velues, son museau carré est assez caractéristique et bordé de moustaches blanches appelées vibrisses faciales, celles-ci sont très développées et permettent ainsi une méchano-réception lorsque le ragondin est dans l’eau.
Ses pattes postérieures sont palmées, la coloration de son pelage est brun foncé, plus sombre sur le dos et plus claire sous le ventre, il existe cependant des individus plus roux et d’autres au pelage entièrement blanc, qui ne sont pas pour autant des albinos.
Reproduction
Dans son habitat naturel, le ragondin est un animal relativement prolifique la maturité sexuelle chez la femelle se situe entre 3 et 8 mois, et pour le mâle 4 à 10 mois selon l’époque de la naissance. Les ragondins ont un mode de vie grégaire, ils vivent en groupe allant de 2 à 13 individus constitués de femelles adultes, d’un mâle adulte et de leur descendance.
Les femelles sont dominantes au sein du groupe excepté pendant la période d’accouplement, les mâles consacrent principalement leur temps à patrouiller sur leur territoire pour en chasser les rivaux.
Les accouplements ont lieu tout au long de l’année, les femelles peuvent être réceptives 48 h seulement après la mise bas, celui-ci ne dure qu’environ 4 minutes et peut se faire indifféremment dans l’eau ou sur terre.
La femelle a deux ou trois portées par an, la gestation dure entre 127 et 138 jours, la femelle donne naissance de 5-7 petits ayant les yeux ouverts à la naissance qu'elle va allaiter pendant 7 à 8 semaines grâce à ses mamelles latérales, une adaptation de l'espèce pour pouvoir nourrir sa descendance tout en nageant.
Les jeunes mâles grandissent plus vite que les jeunes femelles jusqu’au sevrage, la longévité estimée en milieu naturel du ragondin est de l’ordre de 4 ans.
Régime alimentaire du ragondin
Régime alimentaire
Le ragondin est opportuniste et quasiment herbivore, il consomme 25 à 41 % de son poids chaque jours en aliments aqueux, son alimentation couvre une très large variété de plantes qui lui permet une adaptation aux milieux aquatiques qu’il fréquente, il s’alimente essentiellement toute l’année de plantes graminées.
En été, il mange également des pousses de carex, des roseaux, des potamots, des rubaniers ou des sagittaires, en automne, le régime est aussi composé de fruits (nénuphars par exemple), alors qu’en hiver il consomme également des tubercules et des rhizomes (roseaux, iris, scirpes).
Il peut parfois manger des mollusques d’eau douce de type moules d'eau douce et écrevisses.
Le fait qu’il défriche les berges ainsi que la végétation semi-aquatique comme les joncs et les roseaux induit la destruction de l’écosystème local aux abords des milieux humides, à savoir l’habitat d’autres animaux, dont des batraciens et empêche les oiseaux de niche.
Le ragondin s’alimente essentiellement la nuit et pratique la cæcotrophie (double digestion), ingère ses petites crottes humides appelées cæcotrophies, celles-ci sont un supplément important en acides aminés et plus particulièrement en lysine et en méthionine.
Infestation et conséquences du ragondin
Infestation et conséquences
En Europe, le ragondin est inscrit depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne. Cela signifie que cette espèce ne peut pas être importée, élevée, transportée, commercialisée, ou libérée intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union européenne.
En France, le ragondin ainsi que le rat musqué sont considérés comme nuisibles par Arrêté du 30 juin 2015 de classement nuisible des espèces invasives.
Sur le territoire métropolitain, le ragondin n'a aucun prédateur naturel, tout du moins à l'état adulte, les jeunes sont parfois la proie de mammifères prédateurs comme le renard et la fouine, ou des oiseaux de type rapaces comme la buse variable ou la chouette effraie.
Le Ragondin par son comportement fouisseur dégrade les berges, accélère le colmatage du lit des rivières, diminue les herbiers et perturbe les communautés végétales et la biodiversité.
Les conséquences sur le milieu naturel sont non négligeables puisque sur des secteurs à forte densité la réduction ou la disparition des végétaux entraine une modification des conditions de courant hydraulique induisant à leurs tours une modification des biotopes nécessaires à certaines espèces animales de type frayères à poissons zone de ponte de mollusques.
Les conséquences sur les activités humaines sont multiples, sa propension à creuser de terriers engendre des effets négatifs sur les voies d’eau tels que l’envasement qui contribue à freiner voire annihiler le courant dans certaines zones, sans compter la fragilisation des berges.
Les problèmes rencontrés sur les ouvrages hydraulique ne sont pas anecdotiques puisqu’ils peuvent se retrouver sur des déstabilisations de digues, retenues, lagunes d’assainissement, berges et ponts pouvant résulter sur des conséquences catastrophiques.
Si des terres cultivées sont à proximité des cours d'eau ou canaux de drainage, le ragondin peut consommer une grande quantité de Poacées, notamment des céréales comme le maïs, le blé mais aussi sur les betteraves, ses besoins nutritionnels journalier sont importants puisqu’ils atteignent en moyenne 40% du poids de l’animal ce qui représente 1,2 à 2,5 Kg par animal.
À la période automnale la population des ragondins se retrouve à son maximum, les ressources naturelles se trouvant diminuées, ce dernier se tourne vers les cultures s’il en a la possibilité, les dégâts prennent une relative importance.
Pathologies et maladies
Le ragondin est un réservoir de zoonoses, c’est un porteur rénal de Leptospires et est donc de fait excréteur potentiel de germes dans ses urines, en 2000-2001 une opération (CO.P.RA) concernant le contrôle des populations de ragondins a été lancée dans 40 départements par la fédération nationale des groupements de protection des cultures en a tiré des conclusions impressionnantes.
Sur les prélèvements effectués, cette étude démontre que la prévalence sérologique de la Leptospirose chez le ragondin en France est comprise entre 48 et 52% et permet d’affirmer qu’au cours de sa vie un ragondin a une forte probabilité d’être infecté par la leptospirose et donc de la multiplier, cette dernière occasionne chez l’homme des troubles hépatiques et rénaux graves.
Enfin le ragondin peut être un réservoir d’autres zoonoses concernant plusieurs autres maladies telles que la fasciolose, les coccidioses, la salmonellose et la toxoplasmose dangereuses pour le bétail mais aussi pour l’homme.
